D1 Féminine – Le Big Four fait sa rentrée
Les diffuseurs l’ont bien compris. Pour satisfaire un « nouveau » public, les grosses équipes doivent être mises en valeur. Pour cette seconde journée de D1 féminine, Eurosport et France 4 nous offrent deux matchs avec le choc entre l’OL et Juvisy, mais aussi la rencontre déséquilibrée entre le PSG et l’AS Muret. Une aubaine afin de faire le point sur trois membres du Big Four (avec le MHSC) en ce début de saison. Entre conditions atmosphériques exécrables, jambes lourdes et approximations de la reprise, ce début de saison (ne) permet (pas) de définir un favori.
La mise en place tactique
La nouvelle saison est souvent l’occasion de tester de nouvelles combinaisons, d’entrevoir de nouvelles possibilités. Avec les arrivées du mercato d’été, les entraineurs ont l’occasion de régler les derniers détails. Patrice Lair – coach de l’OL – n’a pas hésité à chambouler son système de jeu dès ce choc face à Juvisy. Ayant perdu Laura Georges – partie au PSG – c’est Kumagai qui prend sa place. Rapide, solide, la Japonaise a impressionné face à l’adversaire essonnien. Mais le changement notable était bien le 4-4-2 mis en place par les Rhodaniennes. Habitué au 4-2-3-1 de l’année dernière, Patrice Lair n’a pas hésité à changer son système de jeu. Face à Juvisy, Camille Abily – habituellement n° 10 — joue aux côtés de Lotta Schelin ! Amandine Henry et Louisa Nécib se partagent l’entrejeu.
La première nommée a comme principal objectif de ratisser le terrain. Dure au mal, elle remportera tous ses duels. Elle constitue également la pièce maîtresse du jeu de l’OL. Amandine Henry en est la première roue du carrosse. Louisa Nécib – trop discrète en début de match – doit constituer le lien entre le milieu et l’attaque. Dans une place de n° 8, elle ne trouvait que peu de solutions. Camille Abily – sur la même ligne que sa comparse suédoise – ne décrochait pas assez pour orienter le jeu. Une donnée vite corrigée au fil du match. Devant, Lotta a souvent pris la profondeur. La relation avec Camille Abily semble instinctive. Dès que la Française joue en première intention, sa passe est adressée à la Suédoise. Après un Euro difficile et décevant, elle est bien rentrée dans sa saison. Lotta sera encore le danger n° 1 pour les autres équipes. Sur les ailes, Bompastor n’est plus là. C’est Dickenmann (touche à tout) qui a pris sa place. Sa relation avec Le Sommer ne cesse de s’améliorer au fil du temps. Elle a offert le premier but à Lotta Schelin. Ses montées offensives constituent déjà un danger non négligeable.
Juvisy a également changé ses plans. Cet été, la révolution interne a touché le club de Marinette Pichon, heureuse mariée. Le club essonnien est dorénavant semi-professionnel. La Juv’ a également déménagé à Bondoufle. Les coéquipières de Thiney ont des conditions de travail dignes de la D1 féminine. Mais le plus gros changement reste au niveau du coaching. Sandrine Soubeyrand est désormais joueuse/adjointe. Pascal Gouzenes a pris la direction de l’équipe. Organisées en 4-2-3-1 la saison passée, les Essonniennes s’articulent dorénavant en 4-4-2. Avec l’arrivée de Sandrine Bretigny, le coach de Juvisy n’hésite pas à titulariser l’ex-Lyonnaise aux côtés de Thiney. Les deux joueuses forment un duo plutôt prometteur. Or, face à l’OL, le duo n’a pas fonctionné. Les internationales françaises ont trop souvent reproduit les mêmes appels. Thiney n’est pas à sa place. Elle n’est pas faite pour jouer en 11. « Tatane » est plus une n° 10 dont sa vision du jeu permet à son équipe de se créer des brèches.
Au niveau défensif, l’équipe est déjà en place. Le gros bloc axial et les lignes resserrées au milieu de terrain ont gêné l’Olympique Lyonnais. Les joueuses de Patrice Lair furent obligées d’allonger le jeu pour trouver des solutions. Il est encore trop tôt pour donner un avis définitif sur le jeu essonnien face aux autres grosses équipes de la D1 féminine. Mais offensivement, il faudra tout revoir. Le déchet technique est encore trop présent. Certes, la pluie – et donc la pelouse gorgée d’eau – peut aussi expliquer ce manque de précision. Les deux milieux défensives – dont Soubeyrand – ont bien été trop absentes au niveau offensif. Il aura fallu attendre l’entrée de Catala pour faire bouger tout le bloc de la Juv 91.
Pour le PSG, l’attente était différente. Les joueuses de Farid Benstiti n’ont eu qu’affaire à des équipes condamnées à se battre pour éviter la relégation ou jouer le ventre mou. Ces matchs permettent au coach parisien de faire des tests. Friand de changement, l’entraîneur du Paris Saint-Germain avait décidé d’innover avec un 3-5-2 pouvant se transformer en 3-4-3. Avec l’arrivée de Laura Georges, le PSG a une base défensive plus que solide. Delannoy, Krahn et Georges constituaient la défense centrale de l’équipe de la capitale. Muret ne fera que défendre avec un bloc très bas. Une donnée permettant aux latérales parisiennes de monter. Elles jouent le rôle des ailières et n’hésitent pas à centrer.
Mais la qualité du dernier geste n’est pas (encore) au rendez-vous. Une caractéristique propre au PSG depuis des années. Et cela depuis l’ère Camilio Vaz. Le PSG joue bien, mais ne marque pas. Avec l’absence de Shirley Cruz, le milieu de terrain était confié à Aurélie Kaci et Kheira Hamraoui. La première a confirmé les progrès entrevus depuis l’année. Véritable machine à laver dans l’entrejeu, l’ex-Lyonnaise prend plus de responsabilités afin d’apporter le danger. Son jeu semble s’orienter vers un profil de milieu « box-to-box ». Au contraire, la seconde a déçu. Malgré sa qualité si important sur les coups de pied arrêtés, elle n’a pas su faire la différence dans l’axe du terrain. Certes, le bloc axial de Muret était très fourni. Mais la grande n° 10 parisienne n’a pas apporté ce qu’on attend d’elle au niveau offensif. La concurrence sera rude cette année. Au niveau offensif, le trio n’arrive pas à se trouver. Trop souvent sur la même ligne, les trois attaquantes effectuent les mêmes appels. Pire, Horan doit décrocher et se comporter comme une 9 et demi. Or, avec son physique et ses qualités intrinsèques, ce n’est point son rôle, mais plutôt celui de Kosovare Asllani. Quelques fois, la Suédoise a décroché afin de s’ouvrir le jeu. Mais sans succès. Il reste encore des choses à améliorer côté parisien.
Les forces en présence
En ce début de saison, chaque équipe se teste. L’OL n’a pas réellement changé. Malgré la retraite de Bompastor et le départ de Georges, le jeu des Rhodaniennes est toujours le même. Capables d’alterner jeu court et long, les filles de Patrice Lair ont insisté face sur le second choix. Avec un bloc très bas côté Juvisy, les Lyonnaises ne pouvaient pas passer dans l’axe. De plus, le terrain gorgé d’eau ne les encourageait pas à poser le jeu. Toujours précises dans les longues transversales, elles ont su trouver des brèches dans la défense adversaire.
Élodie Thomis, discrète en début de match, devait sortir sur blessure. Elle est remplacée par Laëtitia Tonazzi. Bien plus buteuse que l’ailière, le jeu lyonnais bascule sur l’aile gauche. Eugénie Le Sommer et surtout Lara Dickenmann ont su faire la différence. La Suissesse est la joueuse du match. Intenable, elle a remplacé à merveille la néo-retraitée, en l’occurrence Sonia Bompastor. Capable d’accélérer, mais aussi de tenir son adversaire directe, elle a rendu une belle copie. La force de l’OL réside – une nouvelle fois – dans sa force à accélérer à tout moment. Les Rhodaniennes ont su être patientes. Avec le PSG comme principal concurrent, l’OL semble prêt pour la bataille. Le nombre de duels remportés face à la JUV 91 met bien en exergue une motivation toujours intacte.
À Juvisy, le mot d’ordre est la sécurité. Pour ça, le nouveau coach a changé sa façon de jouer. Contre les grosses équipes, il a mis de côté le fameux 4-2-3-1 pour faire place au 4-4-2. Vainqueurs la semaine dernière de Muret (4-0), les joueuses de Pascal Gouzenes venaient ici pour contrer l’OL. Leur but ? Bloquer le jeu axial et court des championnes de France. Durant 35 minutes, les Juvisiennes vont faire déjouer l’ogre lyonnais. Habituées à presser haut, les coéquipières de Céline Deville vont attendre l’Olympique Lyonnais. Bien regroupées en défense, elles sont là pour jouer le contre. Les deux attaquantes ont pour mission – dès que les joueuses adversaires passent la ligne médiane – de presser la défense centrale. Amandine Henry et Louisa Nécib – les deux milieux de terrain – ont du mal à trouver leur place. Elles sont prises au marquage individuel par leurs adversaires essonniennes. Sandrine Soubeyrand et Alexandra Guine sont proches de leur défense centrale. Elles bloquent les liaisons possibles entre le milieu et l’attaque. La JUV 91 s’articule en 3 blocs bien distincts. Le 4-4-2 est bien visible. Chaque ligne est resserrée. Les joueuses coulissent bien. Certes, les Essonniennes récupèrent un beau nombre de ballons, mais l’attaque n’est pas servie. Le bloc lyonnais est haut et subtilise rapidement le cuir. Le système défensif est bien en place. Mais pour assurer lors d’un tel match, les duels doivent être gagnés. Et là, le bât blesse.
Le soleil n’aide pas. Ce dimanche, les Parisiennes semblaient fatiguées sur le terrain, sans idée. Gênées par le bloc axial de l’AS Muret, les joueuses de Farid Benstiti ont galéré avant d’ouvrir la marque. Manque d’idées, mais surtout ne trouvent pas de brèches dans la défense adverse, les filles de la capitale ont déçu. Seules les latérales – et surtout Jessica Houara – ont su tirer leur épingle du jeu avec leurs nombreuses montées. Aurélie Kaci – milieu axial – a effectué un grand match. Des actions stéréotypées sans trouver le dernier geste. Une imprécision technique peu palpable sur les coups de pied arrêtés. La force d’une grande équipe. Hamraoui – décevante contre Muret – a régalé. Auteure de 3 passes décisives, elle a permis à Laura Georges de s’offrir un doublé. Très remuantes dans la surface de réparation, les Parisiennes vont faire la différence au point de vue physique. C’est dans ces phases-là que la différence entre amateurisme et professionnalisme se fait ressentir. Cette saison, le PSG pourra user de cette arme si importante dans le football moderne. Or, il sera intéressant de voir quelle joueuse sera à l’œuvre quand Hamraoui fréquentera le banc des remplaçantes.
L’avenir ?
Le championnat risque d’offrir un duel haletant entre l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain. Juvisy semble moins fort. Encore en rodage, les coéquipières de Sandrine Soubeyrand vont monter en puissance pour atteindre leur rythme de croisière en milieu de championnat. Mais le PSG va devoir également faire attention. Le club de la capitale a été loin d’être impressionnant. Beaucoup de matchs face aux petits clubs ressembleront à des attaques/défense. Il va falloir de la patience et du courage pour les joueuses de Farid Benstiti afin de trouver la faille. Les Rhodaniennes sont encore au-dessus en ce début de championnat. Il faudra surtout observer la capacité d’adaptation de l’effectif en cas de blessure de Lara Dickenmann, nouvelle titulaire à la place de Bompastor. La D1 féminine risque d’être longue et se résumer à un duo. Une histoire sans fin. Pour le moment.
Article disponible sur Sharkfoot